Les coups ne sont pas toujours physiques : il existe aussi une violence psychologique

Article : Les coups ne sont pas toujours physiques : il existe aussi une violence psychologique
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mars 2018

Les coups ne sont pas toujours physiques : il existe aussi une violence psychologique

Dix ans après, je porte toujours des cicatrices. Oui dix ans ! Pourtant il ne m’a jamais frappé.

J’étais jeune, je venais de fêter mes 16 ans et ma première année en tant qu’orpheline. Un soir, à la fin de mon service (au bar où j’effectuais mon second boulot afin de subvenir à mes besoins et à ceux de mes frères), j’ai rencontré celui qui allait devenir mon mari mon bourreau.

Yan est un bel homme, élégant et toujours bien vêtu. Il a tout pour plaire à une femme, et il le sait.

Il m’a séduite dès les premiers rendez-vous et c’est simplement parce que j’avais promis à mon pasteur de m’abstenir qu’il n’a pas mis mon dos au sol dès le premier soir.

Nous nous sommes fréquentés pendant un mois et, comme au travail son chef lui avait promis une promotion à condition qu’il soit légalement marié, à deux mois de relation, nous nous sommes mariés en présence de nos témoins et de ses parents.

Il parait que la nuit des noces est magique. Mais moi je ne le saurais jamais, car c’est cette nuit-là que mon calvaire a commencé.

Une fois dans notre chambre, Yan m’a fait asseoir afin de me donner le règlement intérieur de la maison :

  1. Il aura toujours le dernier mot ;
  2. Je ne dois pas recevoir de visites ;
  3. Je dois arrêter de travailler ;
  4. Je n’ai pas le droit d’avoir un téléphone ;
  5. J’ai le droit de sortir uniquement en sa présence.

C’était difficile aussi bien à assimiler qu’à mettre en pratique. Je me souviens du jour où, ayant commencé la cuisson de la sauce d’arachides, je me suis rendue compte qu’il n’y avait plus de sel, j’ai donc filé à la boutique du coin pour en acheter. Il est arrivé à la maison à ce moment-là. Il m’a rappelé le règlement et il a repris le double des clés qui était en ma possession.

Désormais j’étais sa prisonnière

Pas un jour ne passait sans qu’il ne me rappelle à quel point j’étais pauvre lorsqu’il m’a rencontrée. Sans qu’il ne me rappelle que c’est lui qui me nourrit, qui me loge et qui est chargé de la scolarité de mes frères. C’est à cause d’eux que je supportais qu’il me rabaisse et qu’il m’humilie sans cesse. Je voulais que mes frères continuent d’aller à l’école.

Après la 4e année de notre mariage, j’ai fait une fausse couche (à 7 mois de grossesse). C’était très dur pour moi, mais en plus il fallait qu’il en rajoute en prétextant à chaque fois que j’étais tellement nulle… nulle au point que je n’arrivais jamais à garder une grossesse.

Dieu merci je suis très vite à nouveau tombée enceinte. Mais cela n’a rien changé. Monsieur ne voulait pas me donner de l’argent pour mes visites médicales car, pour lui, de toutes les façons je ne mènerais pas cette grossesse à son terme. J’ai donc passé toute ma grossesse à la maison, sans voir un médecin. Au bout de 9 mois j’ai mis au monde une magnifique petite fille.

Je pensais que l’enfant allait le faire changer. Je nourrissais en moi le désir de connaître enfin le bonheur en couple. Mais rien n’a changé. J’ai appris toute seule ce qu’être mère signifiait. Je me servait des manuels qu’il me rapportait. Un soir, à son retour du travail, alors que je changeais la couche de notre fille, il a remarqué qu’elle avait des  fesses un peu rouges. Il a pris la décision de l’amener vivre chez sa mère car, décidément, pour lui j’étais une incapable. Ce fut la raison de ma première tentative de suicide.

 

Lors de la sixième année de notre mariage, je me suis mise un jour à saigner énormément sans comprendre pourquoi. J’étais seule, il était parti en mission à l’autre bout du pays depuis 2 semaines. Vivant seule dans notre villa et n’ayant pas de téléphone, la seule solution que j’avais pour trouver du secours était de franchir le mur qui me séparait des voisins et ce, grâce à une échelle qui se trouvait dans la cours. J’ai sauté de l’autre côté du mur, et là, après mon saut je ne me souviens plus de rien…  le seul souvenir que je garde est celui du visage de mon frère à mon réveil dans un hôpital.

C’était #LeCoupDeTrop.

Dès mon retour je suis allée vivre chez mon frère. J’ai demandé le divorce. Il a obtenu la garde notre fille. Mais je la vois de temps en temps. Je suis plus épanouie, et aujourd’hui je vis.

#LeCoupDeTrop

Partout dans le monde, de nombreuses femmes subissent des violences domestiques au quotidien. Souvent les violences ont lieu au sein du couple.

Cet article est rédigé dans le cadre d’une campagne menée par le collectif blogueurs de Yaoundé #BlogHub afin de dénoncer ces maux qui minent notre société.

Stop aux violences domestiques.
https://www.carefrance.org/care-actions/campagnes/non-violences-faites-aux-femmes.htm

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Commentaires

Monique laure
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Aujourd'hui je vis... Et ceci des qu' elle se libère de son boureaux. Ne jamais accepté la violence
Super article

neyame
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Merci Monique !

Gaël LEUWAT
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Bonne fête à toutes les femmes, à toutes les Women, à toutes les battantes, à toutes les fonceuses .... Une pensée pour toutes les girls violentées et opprimées partout dans le monde. C'est le moment de faire entendre vos voix, de rappeler que vous êtes là, de dénoncer ce qui ne va pas, et non pas seulement de BOIRE DES BIERES et de chercher son kaba oh ! Je vous rappelle que c'est la fête DES DROITS DE LA FEMME, et non pas de la joie de la femme. A bon entendeur ...

neyame
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Merci Monsieur les lectrices et pourquoi pas lecteurs pourront profiter de vos conseils.

Gaël LEUWAT
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La question que je pose est la suivante: quelles sont les motivations qui ont contraint cet homme à réagir de la sorte?

Je me souviens d'un voisin mon ami d'enfance .
Entre 6ans et 9ans il vivait avec son père et sa femme qui n'était sa mère car orphelin à la naissance. Son père se faisait cocufier. En effet il était pilote. Sa vie était au quotidien entre 2 vol et pendant qu'il était en l'air pour le bien de sa famille, madame s'envoyait en l'air. Les fréquences au septième ciel de la femme de son père dans cette demeure qui était considéré comme le manoir familial étaient réciproque au envol de son père dans le ciel. Et lui dans son coin meurtri, voyais la femme comme...jusqu'au soir ou il devînt officiellement orphelin de père et de mère.
Il avait plût atrocement ce soir là sous la fraicheur de la nuit elle appela l'un de ses innombrable amants. Or, le vol de son père a été annulé car mauvaise condition météorologique de retour à la maison il n'ira plus jamais en l'air parce qu'il a surpris sa femme entrait de s'envoyer en l'air...AVC : Mort subite.

Et si le mari de cette fille était cet homme traumatisé dans son enfance?

neyame
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Rien ne justifie la violence !

Pascale_M
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Très beau texte. Aucune femme ne doit subir cela. Non non et non a la violence!

neyame
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Merci Pascale

Alexandra Tchuileu
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Histoire poignante que vivent certainement beaucoup de femmes et de filles. Que celles qui croulent sous le poids de l'humiliation permanente trouvent en cet article, la force de faire un pas vers leur libération. Dénoncer ou parler à un proche. La souffrance ne saurait être un refuge. Merci Neyame!

neyame
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Merci Alexandra.

Francis
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Je suis impressionné a chaque fois que je te lis. Tu devrais le faire plus souvent.
Bises

neyame
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Merci bien

Le Varan Du Kwat
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Cette histoire nous fait comprendre que c'est uniquement lorsque la victime accepte de se faire aider qu'elle s'en sort.

neyame
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Effectivement!

Thierry Didier KUICHEU
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Bel article qui raconte une triste histoire mais qui malheureusement est vécu par plusieurs femmes innocentes qui ne demandent qu'à aimer et être aimé.

neyame
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Des femmes qui ont également beaucoup d'amour offrir.

Williams
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Non aux violences faites aux femmes et aux hommes.

Jean-Paul Lawson
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Que dire de plus...Si ce n'est #RienNeJustifieLaViolence.
Superbe article comme d'habitude...

neyame
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Merci Lawson

Mveng Caroline
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Bravo pour ce témoignage tres peu de place est faite a la violence psychologique qui ne se voit pas. Elle est l'une des plus pernicieuse.

Christian ELONGUE
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Bel article, avec une très grande charge émotive. Est ce ton histoire? Ou celle d'une amie que tu as raconté?
Sinon, cela m'a transporté et l'on ne peut que s'indigner de savoir qu'il existe encore des hommes qui considèrent les femmes comme des objets, qu'on peut utiliser comme on veut, quand on le veut.

La femme mérite le respect non pas parce qu'elle est femme, mais parce qu'elle est humaine, à l'image du Dieu Eternel.

neyame
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C'est l'histoire d'une amie.