Au nom de la victoire du Cameroun sur l’Égypte, j’ai été Pierre !
Mon cœur balance, il tremble. Il est 15h19 ici, et dehors des cris et hurlements de toutes sortes. Chez nous le match est mieux regardé quand on est en famille. Aujourd’hui, mon pays, le Cameroun, est en finale de la CAN. J’ai envie de crier au monde entier que je supporte ma Nation, mais même à mon voisin je ne peux le dire. Mon voisin est en fait mon adversaire pour ce match, oui ce soir le Cameroun affronte l’Égypte.
Sur les réseaux sociaux et dans les rues tous nos amis nous recommandent de rester à la maison. On dirait qu’ils nous préviennent d’une guerre certaine mais ce qu’ils ne savent pas c’est que ce match moi j’ai envie de le suivre comme les autres depuis le début de la compétition, dans un coffee.
La team c’est la même, quelques compatriotes et des fans des lions venant de part et d’autre du continent. Deux heures avant le match, malgré l’assurance de notre amie égyptienne, nous restons fermés à une décision prise un peu plutôt. Ce soir nous regarderons le match en famille mais à la maison.
Au rendez-vous, popcorn et boisson sucrée (même s’il est vrai que la ice black me manquait terriblement). Il sonnait exactement 21h12 lorsque tête levée, main droite sur la poitrine de tout mon être et de toute mon âme j’entonne cet hymne national qui me rappelle mes origines.
Première mi-temps très morose. Sont-ils effrayés ? Où est passée leur assurance ? Où sont les lions que j’ai vu face au Ghana ? Tels sont les interrogations qui vont et viennent dans ma petite tête. Au téléphone, les miens ne cessent de me contacter, voulant se rassurer de ma sécurité. Néanmoins pour moi, à ce moment, il n y a qu’une chose qui compte : la coupe. Je cris, joue les arbitre tantôt les coaches, je me retrouve même en train de donner des passes.
L’arbitre siffle, c’est la mi-temps. Le temps passe vite et voilà le début de la deuxième mi-temps, je retrouve mes esprits, mes cris de peur se transforment en cris de joie après l’égalisation du Cameroun puis en cris de victoire après le second but. J’étais certes dans la joie mais elle n’était pas totale. Je ne pouvais ni hurler, ni crier comme chez nous à Douala. En plus ce match c’est à deux pâtés de maison de chez moi que je le regarde.
Les Égyptiens sont désormais dans la sauce, la coupe dans la poche, il nous faut regagner nos logements.
Sur le chemin du retour, j’ai été Pierre, à trois reprises, je n’ai pas pu dire oui, je suis Camerounaise. Laissez-moi vous dire que ce n’est pas l’envie qui m’a manqué. Mais comme Pierre j’ai préféré ne pas découvrir la conséquence de mon « OUI ».
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